Thèse 1 : Accès et maintien en emploi des personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme

Thèse 1 : Accès et maintien en emploi des personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme

Doctorante : Marie Chavier

Direction :Serge Ebersold, Professeur de sociologie, Chaire Accessibilité, CNAM

Contact : Karine Gros, MCF HDR Sciences Humaines/Sciences du vivant

La question de l’accès à l’emploi des personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme tient désormais en bonne place dans l’agenda politique. Cette prise en compte s’est traduite par le développement important d’outils, ressources et dispositifs dans lesquels la singularité cognitive est perçue sous le prisme de l’utilité sociale (Martin, 2012), défendant une conception de l’autisme comme vecteur d’innovation et d’efficacité dans des secteurs clés.
Malgré tout, le peu de données disponibles fait état d’une inclusion moindre avec un taux de chômage allant de 76% à 90%, en Union Européenne (2013), selon Autism Europ1 et un taux d’emploi en milieu ordinaire de 0.5% en France, selon la Cours des Comptes2 contre 36% pour les personnes en situation de handicap3 Ce manque de données concernant les adultes présentant un TSA mettrait à mal la mise en place de politiques publiques pertinentes (Compagnon et al, 2016). Leur prise en compte tardive corrélative d’une symptomatologie infantile et des revendications des associations de parents (Chamak, 2015) explique, au moins en partie, le manque d’insertion professionnelle des intéressés (Schovanec, 2017, Demailly, Soulé, 2019).

La valeur d’exposition de ces publics (Blanc, 2021) découle d’une double dynamique. Tout d’abord, la communication autour des singularités de l’autisme, le mouvement de la neurodiversité, légitimés par l’assise des théories neurocognitives, ont participé à un discours promouvant l’insertion professionnelle de ce public et ont permis d’améliorer leur visibilité. Elle concerne, néanmoins, les personnes dites sans trouble du développement cognitif qui constitue désormais la partie « insérable » du spectre (ibid).

Par ailleurs, cette visibilité découle de l’impératif d’accessibilité qui se traduit notamment par la loi 1987 et 2005 relatives à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, la loi 2016 concernant les dispositifs emploi accompagné et enfin les volets relatifs à l’accès à l’emploi du troisième (2013) et quatrième plan autisme (2018).
Au-delà du cadre juridique et politique, cet impératif d’accessibilité repose sur un idéal inclusif dans lequel l’individu constitue le fondement de l’organisation sociale et les diversités des acteurs, une ressource (Ebersold, 2017). Il substitue à un modèle intégratif fondé sur une égalité d’accès, un modèle invitant à la participation de tous et fait de l’autonomie une condition constitutive de l’individu (Ehrenberg, 2014). Cet idéal inclusif s’éloigne d’une approche déficitaire à travers le prisme capable/incapable pour penser l’autrement capable (Ebersold, 2020, Plaisance, 2009).
En ce sens, il modifie le travail de mise en scène de la légitimité professionnelle (Ebersold, 2001), les grilles de lectures de l’accès à l’emploi et le cadre institutionnel permettant d’accompagner les personnes présentant un TSA.

Ce travail de mise en scène réside dans la qualification individuelle de la personne ainsi que dans la qualification de l’environnement permettant la concrétisation d’une approche écologique du trouble (Ebersold, Dupont, 2019). Or cet idéal inclusif tend à se concrétiser autour de la responsabilité sociale assumée par les organisations et l’ancrage managérial des principes inclusifs d’une relation managériale (Ebersold, 2001).

Dans la mesure où cette légitimité professionnelle véhicule des représentations de l’autisme, de l’accessibilité à partir desquelles découlent les pratiques et s’envisagent les schèmes d’appartenance (Ebersold, 2020), nous interrogeons son impact sur les formes de reconnaissances professionnelles qu’elle permet. La question du maintien dans l’emploi est très peu interrogée dans le cadre de l’autisme, semble être pertinente pour analyser le travail de mise en scène orchestrée et analyser les effets du travail de légitimation professionnelle. Nous nous intéressons ici aux stratégies des acteurs et des entreprises pour maintenir l’emploi et interrogeons le lien avec les formes de légitimité professionnelle.

BIBLIOGRAPHIE

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  • Schovanec (2017) Rapport sur le devenir professionnel des personnes autistes